Archives de catégorie : Octobre 2013-2014

Marais, mère ou marâtre?

L’eau, l’eau des marais!

Immobile, fétide, obscure. Langues végétales, bras et doigts de bois, trempent dans cette soupe immonde. Des créatures effrayantes, gluantes, ont choisi ce lieu et le hantent. Les gros mangent les petits et les petits mangent les gros. Ici la peur habite tout. Les corps des proies et prédateurs, animés, inanimés, finissent dans la même vase nauséabonde. Le marais digère, rote et flatule. Lentement, longuement, inexorablement. Ogresse avide, jamais repue.

Assis en tailleur, je descends dans ces profondeurs humides et froides. La peur m’envahit et je l’accueille d’un sourire car je la connais bien. J’active mes branchies imaginaires. Ne faire aucun mouvement. descendre, descendre dans l’eau des marais. Respirer, respirer. Mes fesses se posent et s’enfoncent dans les sédiments qui se diffusent autour de moi. J’ose ouvrir les yeux. Tout est verdâtre, mêlé de marron, je ne distingue rien. Mes branchies filtrent les matières: os décomposés, chairs pourrissantes, filaments organiques. Je siège parmi la multitude des cadavres. Ne faire aucun mouvement, respirer, respirer.

Peu à peu le nuage malsain se dissipe. ma vision s’éclaircit. Ne faire aucun mouvement, respirer, respirer.Les matières ont précipité, le calme s’installe autour de moi. Quel univers s’ouvre à mes yeux! Dans cette eau immobile, tout n’est que mouvement. Partout des bulles claires et limpides rejoignent la surface. Un serpent se fraie un passage dans une forêt d’algues. Des sangsues jouent à colin-maillard. Une moule d’eau douce baille aux corneilles.

Ici se prépare, ici se cuisine la fécondité du monde. Ici se trouve le refuge de nos expériences, qui à la queue-leu-leu, viennent se faire digérer, enrichir la vase de nos dépôts intérieurs. Ici prennent racine les nénuphars et les lotus qui illuminent l’espace de la surface. Ici naissent les bourgeons des paradis. Ici je n’ai plus peur d’aller promener ma conscience. Au delà des vues, en deçà des vues, le marais-marâtre se confond avec la mère de tous les êtres. Elle est son reflet le plus profond

Mes mains se joignent devant mon cœur, une source claire y jaillit, riche de nutriments, brillante d’oxygène, drainée par la gratitude. A l’horizon lointain, une cascade se déverse sur la Terre des Humains. Des enfants s’y baignent de rires.

Fugue

Pourquoi me fuis-tu ?

Depuis longtemps je t’aperçois toujours au loin, insaisissable, je t’appelle jusqu’à en perdre la voix et la voie, pourquoi ne viens-tu pas à moi ?

L’audace a pris ta place mais s’épuise et disparaît dès que la tempête menace.

Toi seul peut m’aider à vaincre la peur du vide, ce trou noir béant,  cet infiniment grand que drague la folie

Sans toi, je me perds chaque jour davantage. Légère,  je me laisse porter par le vent, divertir par la course des nuages ou la danse d’un papillon, bercer par des histoires sans fin puis, lasse de ce jour pareil au précédent et au suivant, je me laisse glisser dans les eaux troubles du sommeil…

Or le temps passe et presse, je le sens.

Courage, je te le demande instamment : viens me rejoindre, prends ma main et partons, pas trop loin d’abord puis lorsque j’aurai fait de toi mon allié, mon ami, au bout de l’univers peu m’importe !

Courage, fuguons !

L’effet d’être une fée

Depuis de nombreuses années, une chrysalide est blottie au creux d’un arbre. La chrysalide n’a pas bougé malgré les tempêtes, la froidure des hivers. Elle est toujours là.

Enfin, un jour d’octobre, un imperceptible crissement se fait entendre. Doucement l’enveloppe se craquelle, ça bouge à l’intérieur du cocon. Quant, tout à coup, une tête ébouriffée sort. OH ! ce n’est pas un papillon mais une petite tête bien faite qui se montre. Sous l’impulsion de la vie, naît une fée. Le soleil, de ses doux rayons d’automne, la réchauffe. Lentement ses ailes se déplient. Atchoum ! La voici complètement réveillée. D’un vif regard elle parcours ce qui l’entoure. Il lui semble connaître cet endroit. Une pensée s’impose à son esprit : « serait-ce mon royaume ? »

Ni heureuse, ni malheureuse elle regarde ce qui l’entoure. Des clairières lumineuses mais aussi des endroits sombres qui la font frissonner. « Bon chaque chose en son temps » pense t-elle. Ses ailes sont maintenant bien déployées, mais elle ne s’envole pas ! qu’est-ce qui la retient ?

La journée passe puis la nuit. le soleil se lève à nouveau, la réchauffe. « Que c’est bon ». Il faut que je bouge, c’est nécessaire, pense-t-elle. Une légère brise se lève ce qui lui donne l’impulsion pour s’envoler. Elle visite les alentours et prend conscience de la vastitude de cet espace.

Sans s’éloigner de l’arbre qui l’a abrité ces dernières années.

Chaque jour elle prend de l’assurance et explore de plus en plus loin. Elle passe au dessus d’endroits accueillants et même jette un œil sur les zones sombres qu’elle se promet d’explorer. Elle se sent vivre, c’est nouveau pour elle et c’est agréable.

Mais elle revient toujours sur son arbre. Pourtant ce n’est pas le plus grand ni le plus beau.

Un jour au cours d’une promenade elle se pose dans une prairie fleurie où coule un ruisseau qui chante et dont les eaux sont très claires. Elle a bien envie de se baigner. Une fée peut-elle se glisser dans l’eau ? elle hésite. Qu’est ce qui la retient ? La peur, peur de quoi? Plouf, elle se jette à l’eau

Gouttelettes

« Si j’étais une eau… je prendrais ma source dans les entrailles brûlantes de la terre. Poussée
par une énergie folle et joyeuse, je jaillirais tel un geyser vers le ciel pour
m’éparpiller en milliard de fines gouttelettes. Certaines iraient par monts et
par vaux étancher la soif de toutes vies, et d’autres retourneraient à mes
pieds après avoir parcouru tout l’univers et me nourriraient de cette rencontre
avec le ciel et les étoiles. Ainsi je regorgerai d’une énergie nouvelle et j’irai
plus loin encore au-delà du miroir, au cœur de l’inconnu. »

Catia

I had a dream

Il est encore tôt le matin, un matin frais de printemps et une légère brise sèche doucement les routes et jardins de la pluie de la nuit. Elle marche d’un pas tranquille et hume les senteurs de la terre qui se réveille à une nouvelle saison, effluves prometteurs, nées de l’alliance de la terre et de l’eau, odeurs de fertilité potentielle, embryons de jeunes pousses, fleurs et fruits.

Maintenant elle se rapproche du Centre-ville, la circulation s’intensifie un peu, la route descends et elle a une vue globale sur cette ville,avec ses routes, maisons, villas,immeubles,la rivière,, petits jardins, églises, écoles, commerces et usines.Les effluves mystérieux de printemps alternent maintenant avec l’odeur de café et pain grillé qui s’échappent des villas qu’elle longe.

Elle se rend à une conférence du Dalaï-lama, et comme elle ne connait pas le lieu, elle est partie tôt.

Maintenant la circulation est intense, elle arrive au centre, longe un moment la rivière bordé d’un parc avec de magnifiques arbres,un écureuil traverse le chemin juste devant elle,le bruit de la circulation est un peu atténué, mais on la voit à travers les arbres et de l’autre côté de la rivière

Soudain elle aperçoit un drapeau, traverse la pelouse et une petite route et se trouve devant la façade et l’entrée d’un grand hôtel de luxe.C’est là, le lieu qu’elle cherche. Elle entre et se trouve dans un immense hall superbe, haut comme une cathédrale,elle voit que la façade par laquelle elle est entrée est entièrement en verre, en face, au fond de cette immense pièce elle voit une scène vide.

Il y a déjà quelques groupes de personnes ça et là, et d’autres arrivent constamment.Elle remarque que dans les deux murs latéraux arrivent deux couloirs ronds , un peu comme dans le métro.

Dans la salle règne une ambiance d’attente calme et patiente, les personnes parlent à vois basse, on se salue,de temps en temps quelqu’un se met sur la pointe des pieds pour voir si du côté scène il se passe quelque chose.

Elle se tient au fond de la salle, ne se mêle pas aux groupes, salue quelques personnes qu’elle connait d’un petit signe et observe, attend ,patiente.

Tout à coup il y a un mouvement de foule autour du grand couloir à droite, le Dalaï-lama en sort avec deux moines et humblement ils traversent pour se mettre de l’autre côté.Toute la salle qui était tourné côté scène se retourne et elle se retrouve tout devant, devant la façade en verre, qui se met à briller et ou apparait l’image de l’arbre de refuge.

En elle il y a une pensée, un mouvement intérieur impératif, réactif qui surgit: « non, pas moi tout devant », elle veut se fondre dans les rangs derrière elle, mais simultanément elle perçoit cette pensée « non, pas moi tout devant »comme une bulle de savon qui éclate , sans substance.

Elle sent un poids tomber des épaules et une joie dans tout le corps et dans un élan elle veut faire une grande prosternation devant l’arbre de refuge toujours apparent sur la vitre de la façade d’entrée.

Et là, de nouveau une pensée: « mon mari, juste derrière moi, que va-t-il penser?il ne m’a jamais vu me prosterner, comment va-t-il se comporter?  »

Et de nouveau, quasi simultané, cette bulle aussi éclate et lui apparait vide et sans substance.Elle ressent une totale liberté et dans un élan elle se prosterne devant l’arbre de refuge et devant toutes les bulles de savon scintillantes de couleurs de tous les êtres ,elle reconnait et et honore la matière première, l’évidence dont est fait le cœur des êtres,honore cet espace d’où tout apparait.

Au delà des leurres et des voiles

Je ne sais pas si c’est Narcisse , Adonis, ou Maléfice,
Qui m’a inspirée…
Rencontrer ce que l’on craint disais tu?
Bref, j’avais écrit ceci après le WE:

« La Rage est un ultime sursaut du Désespoir !
Ô mes amies d’un soir,
Merci, par votre sensibilité
De m’avoir permis de revisiter
La Peur, et plus loin : l’abattement…
Cet abattement incommensurable
Que vit un enfant devenu grand,
Qui ne vaut que s’ il peut etre serviable.

Et par votre corps sensible,
Mettre en scène l’invisible ,
Ce qui peut révéler le fonds de la toile
Au delà des leurres et des voiles… »

Le fou chantant

Si j’étais une eau , je serai une larme de joie née de la rencontre improbable entre le soleil et la lune. Après m’être rassemblée au bord d’une paupière sans âge, emportée par le destin j’aurai roulée le long de la joue veloutée, chaude et douce de l’univers. Plus de contact juste le saut dans l’espace inter sidéral. Chute vertigineuse, puis cet éclatement, par des vents titanesques, évaporée.

Après un long sommeil je me réveille petite goutte de rosée nichée au cœur d’une fleur de lotus. D’abord étonnée, où suis-je? qui suis-je? j’ai essayé de bouger, rouler, impossible, soudain venu de je ne sais où une vibration subtile m’envahit. Cette vibration transmise par le cœur de la fleur finit de me réveiller. j’apprécie le bien être qui m’envahit gardant imprégnée dans mes molécules la nostalgie de ce temps sans commencement fait d’amour, de joie, de velouté, d’espace,. Un grand destin m’attend contaminer la planète bleue de cette subtile vibration, abreuver les assoiffés, nourrir les affamés et chanter en toute liberté.

[consigne d’écriture] De la blessure à la métamorphose

img_5975_1Voici quelques propositions d’écriture destinées à maintenir le lien avec le travail du week-end. Ecrire encourage à ‘éclaircir, à rendre cohérent, à mettre au jour de nouveaux liens, à donner sens même à ce qui semble ne pas en avoir.  Ecrire est affiner son désir de transformation afin de pas rester cloîtré dans la plainte et l’impuissance. Vous pouvez écrire quelques lignes, un texte court ou long, sous la forme que vous souhaitez : dialogue, poésie, lettre, analyse, à la première ou à la troisième personne. Vous pouvez inventer un personnage qui vivra toutes ces aventures au fil des mois… ou autre. Vous avez une totale liberté pour vous reconnecter à votre aventure intérieure.

Ce week-end vous avez pris contact avec l’éveil ou le réveil d’une qualité ou de plusieurs qualités, qui, si elle vivait concrètement dans votre quotidien vous aiderait à résoudre certaines de vos difficultés. Vous avez ainsi éveiller la conscience du héros qui vit en vous et souhaite réaliser sa destinée, c’est-à-dire déployer les robes de ses qualités au quotidien. Par les résonances avec Narcisse, Adonis et la femme squelette, votre vaisseau a pris l’eau, n’est-ce pas? qu’avez-vous vu? ne laissons pas se perdre ces précieuses traces des mouvements subtils qui commencent à se désenchevêtrer au coeur de notre coeur.

Consigne 1 du mois d’octobre : nommez cette qualité, faites en un personnage si vous le souhaitez ou pas, imaginez lui une naissance (comme Narcisse dont la mère est Liriopé, la beauté et le père Céphyse, la rivière qui coule dans un jardin). Narcisse allant au bout de la connaissance de ce qu’il est devra rencontrer la blessure dont il est né, puisque la très belle nymple bleue, Liriopé fut violé par Céphyse. Narcisse, traversant les eaux du Styx se métamorphose et devient fleur. Ou comme Adonis, dont la mère Myrrha amoureuse de son père est obligée, lorsque son secret est révélé, de fuir. Adonis naît alors de la fente de l’arbre qui deviendra ensuite célèbre, la myrrhe. Cette naissance incestueuse l’obligera inconsciemment a toujours vouloir chasser. Vénus, très amoureuse d’Adonis, souffrira de sa perte, lorsque celui-ci sera mortellement blessé par l’énorme sanglier (symbole du monstre qui l’habite) qu’il poursuit. Adonis deviendra anémone (anémos, vent) fleur fragile et vulnérable.

Vous pouvez imaginer, en vous familiarisant avec le langage symbolique, avec lequel les contes et les mythes nous parlent, le début de l’histoire de votre qualité. Cette histoire pourra évoluer par la suite. Ou si votre inspiration est prolifique, écrivez en l’histoire maintenant. La métamorphose vient du fait de rencontrer ce que l’on craint le plus et qui est nécessaire à la connaissance de nous même pour nous libérer et aller plus librement notre chemin de vie.

[consigne d’écriture] Rencontre avec Narcisse

img_5965_1Consigne 2 du mois d’octobre : vous rencontrez narcisse, Adonis ou la femme squelette aujourd’hui. Imaginez le contexte, vous pouvez trouver une mise en scène actuelle et quotidienne, vous inspirer d’un événement ou d’une histoire personnelle, ou imaginer que cela a lieu en rêve. La fin de cette histoire est un conseil donné par le personnage choisi à une question que vous leur poserez à un moment significatif de la rencontre.