Tu vends toujours des allumettes au coin de la rue? Sais tu que l’hiver sera rude? Ne peux tu rien faire autre que ce petit commerce qui ne peut te faire vivre? Que puis je faire répondit l’homme à la poupée? Sais tu que les oignons se sont déjà confectionné plusieurs manteaux, ils tissent depuis le début de l’automne répondit la poupée. Crois tu que tu pourras passer l’hiver avec ton vieil imperméable troué? Ton âme meurt à petit feu, à petit feu d’allumettes. Pourquoi ne vas tu pas t’asseoir sur la place du village, choisis toi un banc confortable et regarde, observe la vie. Les allumettes ne sont pas tes amies comme tu as tendance à le penser. Essaie d’écouter la vie comme on écoute la rivière saine et limpide. Moi, je ne suis qu’une poupée et pourtant je danse sur l’eau. Je me tisse un manteau avec les reflets du soleil sur la peau de la rivière, mais toi l’homme regarde ta peau, qu’as tu fait de ta peau? Tu l’as vendu au diable, ça t’arrange que le diable te prenne en charge.
Je suis épuisé se lamenta l’homme. Dis-moi la poupée, qui es tu pour me sortir de ma rêverie. Ecoute, n’entends tu pas au loin le son d’un tambour. Non je n’entends rien, il y a longtemps que je n’entends plus rien. Sur ces viles pleurnicheries la poupée se mit en colère et hurla tu n’entends que le craquement de tes satanées allumettes, âme gelée que tu es. La poupée se reprit et dit je veux que tu vives.
Va frapper aux portes des maisons, demande si il n’y a pas quelques chaises à rempailler, tu trouveras bien de la ficelle et un couteau.
Mais comment pourrais je trouver de la ficelle et un couteau la poupée,
Tu as bien trouvé des allumettes, te souviens tu comment tu les as trouvées tes allumettes de malheur.
Non je ne me souviens pas dit l’homme.
Ne les aurais tu pas fabriquées dit la poupée.
Il y a si longtemps dit l’homme,
Ta mémoire est gelée elle aussi comme ton âme, ton temps s’est désintégré, tu ne vis pas le temps qui t’a été donné dit la poupée.
Qui es tu la poupée, tu as l’air bien sûre de toi, toi et tes histoires à coucher dehors dit l’homme?
Moi, mes histoires sont bien au chaud et c’est toi qui couche dehors à en crever dit la poupée.
Comment vais je trouver de la ficelle et un couteau marmonnait l’homme tout bas en pensant que la poupée ne l’entendait pas, elle est folle la poupée.
Est ce que les gens du village accepteront de ma confier leurs chaises, si toute fois ils ont des chaises à rempailler.
Tu préfères mourir au fond de la forêt, au fond de la nuit, au fond de l’hiver et atteindre quelque paradis artificiel, c’est ce que tu souhaites, c’est plus facile, dit la poupée.
Oui mais là, je l’entendrai ton mystérieux tambour dit l’homme tout fier de sa trouvaille.
Tu n’entendras que le seigneur de la mort et ses ombres décapitées dit la poupée.
Il est grand temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard dit la poupée.
Comment te faire confiance et pourquoi, tu viens tu me déranger, m’accabler. Cela n’a aucun sens dit l’homme.
Le sens du courage d’exister dit la poupée.
Mais j’existe dit l’homme.
Non tu es presque mort, tu as la vie de tes trois dernières allumettes, c’est à dire trois fois rien dit la poupée.
Demain je t’accompagnerai au village et nous frapperons ensemble aux portes des maisons et nous l’entendrons le tambour, il n’est pas plus mystérieux que ça dit la poupée.
Alors je ne serai pas seul dit l’homme.
non avec le courage on est jamais seul dit la poupée.
L’histoire raconte que l’homme s’est installé au village, qu’il a loué une maison et qu’il confectionne des poupées avec de la ficelle
Il les vend sur le marché sur la place devant sa maison, on dit aussi que ses poupées font des miracles.
Pierre