Archives mensuelles : mai 2014

Le jugement

Consigne N°1

Temps de recueillement, elle et lui sont en prière devant le jugement immédiat et sans concession, dans toute leur nudité. Le jugement n’a pas de sexe, et le désir est irrésistible. Un désir de renouveau sans cesse, à l’infini dans une perpétuelle randonnée. Je laisse résonner. Tous mes sens en éveil pour entendre le chant du coq et la poule pondre son œuf.

Elle et lui c’est tout moi. Elle c’est mon intuition. Lui mon pouvoir d’action. Quand ils prient ils sont beaux et réunis. Ensemble c’est tout. Comment les deux peuvent vivre ensemble sans que l’un ne prenne le pouvoir sur l’autre ? Ils savent qu’il faut s’entendre, qu’il faut s’écouter l’un l’autre. Faire une assemblée générale exceptionnelle à chaque fois que nécessaire devant le temple du jugement. Attention, pas trop de questions.

Surtout ne pas rester sourd à cette musique lointaine, puis toute proche. Les portes s’ouvrent. Je n’ose le croire. C’est moi qui suis derrière la porte. Je les entends venir. C’est le jour du grand bal. Alors l’annonce en trompette. C’est l’appel. C’est un moment important, la consécration de tous mes efforts. AHHH !! Je me regarde ! Horreur !! J’ai oublié de mettre ma robe de bal. Je suis en souillon. Vite, vite !! Je sens mon sang bouillir à cette révélation que le grand jour est arrivé, et je ne suis pas prête ?! C’est lui qui regarde l’index qui montre la croisée des chemins. C’est maintenant ou jamais. Il y a urgence, qui deviendrait presque impatiente de me pousser à accomplir cette entrée telle une reine. Cette annonce rayonnante me rassure de ma juste blancheur. Elle n’annonce pas une imposture, mais une confirmation. Une confirmation de ne plus attendre que je sois prête pour répondre à l’appel. Sinon pour l’éternité je resterai furie enfermée sous le filet d’Héraclès dans toute ma noirceur.

De la ficelle et un couteau

Tu vends toujours des allumettes au coin de la rue? Sais tu que l’hiver sera rude? Ne peux tu rien faire autre que ce petit commerce qui ne peut te faire vivre? Que puis je faire répondit l’homme à la poupée? Sais tu que les oignons se sont déjà confectionné plusieurs manteaux, ils tissent depuis le début de l’automne répondit la poupée. Crois tu que tu pourras passer l’hiver avec ton vieil imperméable troué? Ton âme meurt à petit feu, à petit feu d’allumettes. Pourquoi ne vas tu pas t’asseoir sur la place du village, choisis toi un banc confortable et regarde, observe la vie. Les allumettes ne sont pas tes amies comme tu as tendance à le penser. Essaie d’écouter la vie comme on écoute la rivière saine et limpide. Moi, je ne suis qu’une poupée et pourtant je danse sur l’eau. Je me tisse un manteau avec les reflets du soleil sur la peau de la rivière, mais toi l’homme regarde ta peau, qu’as tu fait de ta peau? Tu l’as vendu au diable, ça t’arrange que le diable te prenne en charge.
Je suis épuisé se lamenta l’homme. Dis-moi la poupée, qui es tu pour me sortir de ma rêverie. Ecoute, n’entends tu pas au loin le son d’un tambour. Non je n’entends rien, il y a longtemps que je n’entends plus rien. Sur ces viles pleurnicheries la poupée se mit en colère et hurla tu n’entends que le craquement de tes satanées allumettes, âme gelée que tu es. La poupée se reprit et dit je veux que tu vives.
Va frapper aux portes des maisons, demande si il n’y a pas quelques chaises à rempailler, tu trouveras bien de la ficelle et un couteau.
Mais comment pourrais je trouver de la ficelle et un couteau la poupée,
Tu as bien trouvé des allumettes, te souviens tu comment tu les as trouvées tes allumettes de malheur.
Non je ne me souviens pas dit l’homme.
Ne les aurais tu pas fabriquées dit la poupée.
Il y a si longtemps dit l’homme,
Ta mémoire est gelée elle aussi comme ton âme, ton temps s’est désintégré, tu ne vis pas le temps qui t’a été donné dit la poupée.
Qui es tu la poupée, tu as l’air bien sûre de toi, toi et tes histoires à coucher dehors dit l’homme?
Moi, mes histoires sont bien au chaud et c’est toi qui couche dehors à en crever dit la poupée.
Comment vais je trouver de la ficelle et un couteau marmonnait l’homme tout bas en pensant que la poupée ne l’entendait pas, elle est folle la poupée.
Est ce que les gens du village accepteront de ma confier leurs chaises, si toute fois ils ont des chaises à rempailler.
Tu préfères mourir au fond de la forêt, au fond de la nuit, au fond de l’hiver et atteindre quelque paradis artificiel, c’est ce que tu souhaites, c’est plus facile, dit la poupée.
Oui mais là, je l’entendrai ton mystérieux tambour dit l’homme tout fier de sa trouvaille.
Tu n’entendras que le seigneur de la mort et ses ombres décapitées dit la poupée.
Il est grand temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard dit la poupée.
Comment te faire confiance et pourquoi, tu viens tu me déranger, m’accabler. Cela n’a aucun sens dit l’homme.
Le sens du courage d’exister dit la poupée.
Mais j’existe dit l’homme.
Non tu es presque mort, tu as la vie de tes trois dernières allumettes, c’est à dire trois fois rien dit la poupée.
Demain je t’accompagnerai au village et nous frapperons ensemble aux portes des maisons et nous l’entendrons le tambour, il n’est pas plus mystérieux que ça dit la poupée.
Alors je ne serai pas seul dit l’homme.
non avec le courage on est jamais seul dit la poupée.
L’histoire raconte que l’homme s’est installé au village, qu’il a loué une maison et qu’il confectionne des poupées avec de la ficelle
Il les vend sur le marché sur la place devant sa maison, on dit aussi que ses poupées font des miracles.

Pierre

La poule

Dans les désordres de l’amour

la poule monte dans les tours

qui honore son destin

picotera le festin

déclarée comme fée-conde

il suffit qu’elle ponde

pour mettre l’ambiance

et donner la chance

de prendre la route

a tous ceux qui doutent

au carrefour d’Hermès

à ceux dont les fesses

chatouillent leur perchoir

accrochés à l’égo

de leurs noirs ergots

voient la Baba Yaga

montée sur son isba

pas trop de questions

cachées dans ton giron

gaffes aux ancêtres

pas les envoyer paître

écoutes leur silence

descendre dans ta panse

te montrer le chemin

pour voir d’où ça vient

et nettoyer enfin

tes douces racines…

picoti picoton

avec la poule dansons

comme un poussin neuf

tout sorti de l’œuf

mais di don au fait

de la poule ou de l’œuf

qui est le premier ?

qui est le dernier ?

de toute façon

qu’on le veuille ou non

chacun A sa place !!!

Catia