Pas d’peau !

Louloutte était une adorable petite louve que toute la meute aimait, rien qu’à la voir, et plus que tous sa grand-mère, à qui elle ressemblait comme deux gouttes d’eau. La meute de loups vivait tout en haut de la montagne du Mont Pelé, où ils avaient balisé leur piste en urinant pour marquer les limites de leur vaste territoire vital. Pour les loups vieillissants, il était préférable de rester vivre plus bas dans la montagne, parce qu’ils n’avaient plus la force de résister au froid et l’énergie d’aller jusqu’en haut pour rentrer chez eux.

Cette montagne ne s’appelait pas « Pelé » parce qu’elle était dénudée, non !! Simplement il faisait un froid de canard, et les loups qui vivaient là avaient par conséquent une fourrure, pour résister au froid, absolument magnifique avec de longs poils brillants, et d’une couleur unique au monde, allant du noir au rouge. D’ailleurs Louloutte avait hérité de sa grand-mère et de sa mère, d’une somptueuse robe d’un rouge vif, très prisée par les hommes parce que très rare. Une peau de la couleur de l’amour. Louloutte était la petite chouchoute de la famille. Ses parents avaient une grande tendresse pour elle. Il faut dire que c’était la seule femelle de la portée.

C’était un lundi comme les autres, sa mère était allée chercher, seule pour une fois, de quoi nourrir toute sa tribu, mais elle n’est jamais rentrée. Avait-elle été tuée ? Avait-elle été embarquée dans ce lieu dont Louloutte avait souvent entendu les grands dirent de drôles de choses ? La question restait en suspens.

Toutes les nuits, Louloutte rêvait à sa mère. Elle revivait tous les moments où elles allaient ensemble explorer le Mont Pelé, et apporter à sa grand-mère de bons petits plats cuisinés. En fait, elle était la seule de la famille à ne pas se résoudre à la mort de sa mère. Elle était d’une nature plutôt optimiste, et c’est sans doute pour cela qu’elle sentait au fond d’elle que sa mère était encore vivante. Elle était devenue une belle jeune femelle d’un pelage rouge vif hors du commun, très curieuse, et surtout très innocente. Son père redoublait de mise en garde à chaque fois que Louloutte devait partir en bas de la montagne pour visiter sa grand-mère en lui portant quelques petits mets bien délicieux.

C’était un lundi comme tous les autres, jour où Louloutte allait porter à sa grand-mère son plat préféré ; un gigot flageolets qu’elle avait cuisiné elle-même, comme sa mère lui avait appris. Son père bien évidemment ne cessait de mettre en garde Louloutte sur les dangers potentiels qu’elle pouvait rencontrer, et lui recommanda très fort :

– Surtout empreintes bien le sentier habituel, ne t’en éloigne pas, et ne regarde pas dans tous les coins car il te faut rentrer à la tanière avant la nuit tombée !

– Je te promets de ne pas traîner, et de faire pour le mieux, promis Louloutte à son père, avant de lui dire au revoir et de partir.

La grand-mère habitait bien bas dans la vallée à une bonne heure de descente dans une forêt, pas si loin du village. Et lorsque que Louloutte entra dans la forêt, elle se laissa pour la première fois distraire et ne réalisa pas qu’elle avait été beaucoup plus loin que d’habitude. En fait, elle se trouvait non loin de la « Taverne du Petit Chaperon Rouge ». D’ailleurs à peine avait-elle réalisée qu’elle était peut-être allée un peu trop loin, elle vit une vallée bien verte s’ouvrir devant elle. Elle n’avait jamais vu une beauté pareille. Dans un même temps, alors qu’elle était émerveillée, surgit d’un buisson le Petit Chaperon Rouge. Mais Louloutte ne savait pas que cette jeune fille toute de rouge vêtue, ayant un air plutôt sympathique était en réalité une personne méchante. Louloutte n’avait jamais vu d’être humain, et sa nature curieuse lui faisait oublier les recommandations de son père.

–      Bonjour, jolie bête, dit le Petit Chaperon Rouge.

–      Merci à toi et bonjour aussi, dit Louloutte.

–      Comment t’appelles-tu demanda le Petit Chaperon Rouge ?

–      Louloutte, répondit-elle !

–      Et où vas-tu à cette heure si tardive Louloutte ?

–      Chez ma grand-mère !

–      Que portes-tu sous ton beau pelage ?

–      Un gigot flageolets, dit Louloutte. Je dois le porter à ma grand-mère qui n’a plus la force de cuisiner ce genre de plat.

–      Le soleil ne va pas tarder à passer de l’autre côté de la vallée, et la nuit va bientôt tombée. Est-ce loin chez ta grand-mère ? demanda le PCR.

–      Ben ?? Non !! Plus haut dans la vallée, à un quart d’heure d’ici, dit Louloutte un peu désabusée.

Forte de ces renseignements, le PCR (Petit Chaperon Rouge) pensa : « encore une peau fabuleuse qui va rapporter beaucoup d’argent à papa, et nous allons enfin pouvoir partir en vacances à Hawaï cet été, comme il me l’avait promis si je lui trouvais une peau de louve rouge ! En plus si je rajoute à ce butin la peau de la grand-mère qui doit être elle aussi bien rouge, puisque cela se transmet de mère en fille, on va pouvoir se faire un gros paquet de fric ! ». Voilà les pensées du PCR tandis qu’il faisait un bout de chemin avec Louloutte. Puis le PCR dit :

–      Tu sais Louloutte, il est déjà bien tard, et je ne suis pas si sûr que tu ais le temps de porter ce paquet à ta grand-mère, et de rentrer avant la nuit dans ta tanière, car tous les chemins se confondent. Alors je me propose de te t’accompagner jusque chez ta grand-mère avec mon super 4×4 tout terrain qu’a peur de rien. Je te laisserai devant la porte de ta grand-mère !

 

Louloutte était super heureuse, et accepta aussitôt la proposition du PCR. Elle ne savait pas à quoi ressemblait un 4×4, et se disait que cela ferait une belle aventure à raconter à sa grand-mère qui partageait toujours avec elle ses petits secrets. Elle trouvera ça génial grand-mère, c’est sûr !! Quand Louloutte arriva près de l’engin, elle entendît le bruit du moteur qui ne lui était pas étranger, et sentît tout d’abord une odeur vraiment bizarre, désagréable comme celle qui parfois montait, venant de la vallée, jusque dans leur tanière, arrivée les beaux jours. Toutes deux montèrent dans le 4×4 où il faisait bien chaud.

Le PCR proposa à Louloutte un ptit pétard histoire de se détendre. Il faut dire que le PCR était complètement accroc à la drogue, toutes les drogues. Ses parents, eux, du fait de travailler dans la taverne, avaient une forte tendance à forcer sur la bouteille, et pour couronner le tout, son frère finissait ses jours en prison pour avoir soutiré de l’argent en tentant de vendre la Tour Eiffel aux Chinois.

–      Tiens fume c’est de la bonne, dit le PCR.

–      Merci, dit Louloutte, qui peu à peu commençait à rigoler pour un oui ou un non, elle trouvait tout drôle. Oh la la !! ça fait rigoler ton truc là, ah ! ah ! ah !!!! C’est trop chouette, j’adore !!

Même si le PCR conduisait à vive allure, tellement elle était heureuse du butin qu’elle ramenait à son père, Louloutte était morte de rire. Elle n’avait pas peur, au contraire. Les bonds qu’elle faisait sur son siège à cause des obstacles sur la route étaient pour elle comme un manège. En plus le PCR avait mis sa chanson préférée « Happy » (de Pharrell Williams) à fond dans l’engin qui écrasait tout sur son passage d’ailleurs, et Louloutte avait qu’une envie : danser. T’inquiètes ! pensa au fond de lui le PCR, tu as chanté et bien tu vas danser maintenant pour les plus grands couturiers sur les plus grands podiums des capitales du monde entier.

Et oui, la famille du PCR était trafiquant de peau rouge de louve, de la montagne du Mont Pelé. Leur demeure était somptueuse. Enfin ça dépend des goûts ! Il y avait une piscine olympique derrière la maison où les grenouilles avaient fini par en faire leur demeure vu qu’il faisait trop froid dans cette région pour prendre le soleil ; un cours de tennis remplit de feuilles mortes, parce que la famille n’était pas de grands sportifs ; des grosses boules à facettes au plafond ; un grand écran panoramiquum de dingue dernier cri,  pour regarder les matchs de foot, et les films pornos. Bref, la « Taverne du Petit Chaperon Rouge » était peu fréquentable. Ne venait là que les trafiquants de cette fourrure unique au monde qu’ils revendaient à des prix qu’il serait indécent de vous dire. En fait ils fournissaient les plus grands couturiers, dont je tairai le nom qui faisait un tabac avec cette peau de bête.

 

A son arrivée devant la taverne, le PCR fit crisser les pneus du 4×4, elle adorait ça, et hurla à son père :

–      Paaapppaaaaa !! Prends la cage j’ai une bonne surprise, dit le PCR.

–      Bravo ma fifille !! Hiccc ! dit le père en rotant bruyamment sa bière.

Puis ils descendirent le corps de la pauvre Louloutte, au sous-sol dans le ventre de la taverne. Un lieu très sombre, et très propre par contre parce qu’ils gardaient là plusieurs louves au beau pelage rouge qu’ils gavaient pour que la surface de peau augmente, et ainsi ils pourraient en tirer un meilleur prix. Il fallait aussi que leur peau reste bien propre et bien luisante.

Lorsque Louloutte se réveilla peu à peu, elle n’en cru pas ses yeux. Sa mère était là comme si elle l’attendait depuis longtemps elle aussi persuadée qu’elles se retrouveraient. Quelle joie immense pour elles deux, même si ce trou noir leur laissait une sensation qui sentait la mort.

Louloutte qui était une jeune louve plutôt intelligente chuchota à sa mère :

–      Maman, j’ai pris avec moi les champignons, tu sais ceux qui font péter après les avoir digéré et dégagent une odeur nauséabonde ! grand-mère, avant de repartir de chez elle me remplit toujours une petite bourse pour le cas où je me perde, afin qu’on puisse me retrouver à cette odeur bien particulière que nous seuls utilisons ! Alors nous allons toutes en manger. Effectivement au bout d’un temps assez court l’odeur commençait à monter jusqu’à l’étage du dessus, puis plus haut encore, pour finalement envahir toute la maison. Cette odeur était insupportable pour les humains. Elle avait le même effet que les bombes lacrymogènes. Elle faisait pleurer, tousser, brûler la gorge…, Bref, insoutenable !! Obliger la famille du PCR à ouvrir toutes les fenêtres pour faire sortir cette odeur, voilà la brillante intention de Louloutte.

Le garde forestier qui passait par là avec ses compagnons de travail sentirent cette odeur qu’ils connaissaient bien non loin de la taverne.

–       Mais je reconnaitrais cette odeur parmi milles !! Les loups de la montagne du Mont Pelé mangent une qualité de champignon qu’on peut ramasser au sommet de la montagne et que seuls ces animaux sont capables de trouver, dit le garde forestier.

–       Alors c’est qu’ils sont en danger si nous sentons cette odeur. Nous savons bien qu’ils sont protéger car très recherchés par les trafiquants de fourrures. Je pense que nous tenons là une piste, dit un acolyte du garde forestier.

Ils suivirent l’odeur grâce à leur nez bien entraîné pour arriver finalement à la « Taverne du Petit Chaperon Rouge » dont ils connaissaient la mauvaise réputation, mais ne fréquentaient pas. Là, ils prirent leur fusil à seringue somnifère, et finirent par endormir toute la famille du Petit Chaperon Rouge. Ils descendirent un long escalier jusque dans le ventre de la taverne, là où l’odeur les menait pour voir quelque peu affaiblies toutes ces louves capturées, et prêtes à être dépecées. La mère de Louloutte connaissait bien le garde forestier, car elle s’avait qu’ils étaient là pour les protéger et les délivrer. Les louves une fois dehors respirèrent un grand coup et partir rejoindre leur foyer qui ne les attendaient plus d’ailleurs. Ne restait là que Louloutte et sa mère qui avant de partir mirent le feu à la taverne jusqu’à ce qu’elle disparaisse dessous les flammes.

 

Tous les trois, Louloutte, sa mère et le garde forestier étaient bien contents. Le garde embarqua la famille du Petit Chaperon Rouge pour les conduire en prison pour perpette. Louloutte et sa mère mangèrent le gigot flageolets avec appétit.

Mais pour ce qui est de Louloutte, elle se jura : « jamais plus de ta vie tu ne quitteras le chemin pour courir dans la vallée, quand ton père te l’a défendu. Mais, j’ai bien fait d’écouter mon intuition qui m’a dicté aujourd’hui de prendre les champignons de grand-mère ce que je ne fais jamais d’habitude. Puis je suis bien contente aussi d’avoir goûté le feu d’artifice, Heu ! non !! je veux dire le pétard ! Maintenant je sais pourquoi c’est interdit ! ».

Une réflexion sur « Pas d’peau ! »

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