Ecritures

La générosité et les métiers liés à l’humain

Le Cercle de reliance de Poitiers a demandé à Wangmo d’intervenir en mars sur la Paramita de la générosité et du don particulièrement dans le cadre de l’activité professionnelle. En effet, tous les membres du Cercle travaillent dans le monde du soin. Suite à l’enseignement de Wangmo, quelques semaines plus tard, nous avons repris et approfondi des phrases qui nous ont marqués. En bref :

  • « On n’est pas parfait et c’est parfait ! » ou « Accueillir le monde tel qu’il est, aussi imparfait soit-il ! »

Grâce à ce rappel, certains ont pu commencer à ressentir une forme de détente dans leur quotidien professionnel, plutôt qu’une exigence crispante. Se foutre un peu la paix ne nous empêche pas de faire un bon travail, au contraire même, dans la détente les choses se font. L’exigence de perfection nourrit le discours intérieur et le mécontentement. Elle sous-entend que nous sommes des personnes bien pensantes qui savons mieux que les autres, cela nourrit aussi notre orgueil. On peut aussi peu à peu prendre confiance en le fait que les choses peuvent très bien fonctionner comme elles sont, même si de notre point de vue tout n’est pas parfait.

  • « Tu as ta place sur la terre » ou « Tu es validé(e) par la terre sur laquelle tu te tiens »

En lien avec l’idée précédente : tout est déjà parfait ! Pour sortir de la peur du jugement ou de l’auto-jugement, parce que nous n‘avons rien à (nous) prouver. Ça rappelle « le toucher de la Terre » du Bouddha (ou la notion de refuge) : on prend l’expérience nue à témoin. C’est un principe très beau, qui a touché bon nombre d’entre nous : se sentir à sa place là où nous sommes et juste faire du mieux que l’on peut sans rien chercher de plus et surtout pas de confirmation de quoi que ce soit.

  • « Choisir de revenir sur une situation difficile, qui nous a touché »

Certains ont essayé de revenir sur une situation qui les a particulièrement ébranlée sur le plan émotionnel lorsque le moment était opportun.  C’est un retour libre, choisi, lorsqu’on se sent capable et en force de le faire. On peut interroger ses réactions, sa pratique, mais aussi investiguer plus loin : pourquoi ai-je été touché(e) ? Qu’est-ce que ça remue en moi ? A partir de là, Cécile a par exemple ressenti le besoin d’écrire sur son carnet afin de poser des mots et d’ouvrir de nouvelles portes.

  • « Distinguer le don spirituel du don relatif au travail »

Le don spirituel est un don libre, où le donné et le recevoir se font simultanément. Le don dans le contexte du travail est un don non libre, ou le donné et le recevoir doivent trouver un point d’équilibre acceptable (mission/salaire, …). Cela était utile de bien faire la distinction pour clarifier notre posture. 

  • « Reprendre sa liberté, choisir ce que l’on prend » ou « ne pas laisser toutes les portes ouvertes »

En lien avec l’idée précédente, nous avons le choix de décider librement de la manière dont nous accueillons une situation de travail. Si nous sommes dans une réceptivité, un accueil ouvert, nous pouvons accueillir la situation et y répondre pleinement avec le cœur, s’engager dans la situation et assumer. Si nous ne sommes pas en mesure, nous pouvons nous tenir à l’écart (rentrer dans un mode plus « automatique » pour effectuer notre travail) et cela ne fait pas de nous des mauvais soignants. Et si nous avons pris la situation de plein fouet, nous pouvons après coup le rendre à celui à qui cela appartient ou à l’espace ouvert ! (confère l’histoire des deux moines, dont l’un des deux porte une femme pour l’aider à traverser la rivière. Il le fait, puis « rend » la situation ensuite en passant à autre chose et reprenant sa marche. Mais le second moine, scandalisé par le fait que le premier a touché une femme malgré ses vœux, « porte » finalement la femme bien plus longtemps en ruminant sa colère tout le long de la marche ! ) Cela nous permet de moins avoir la sensation de subir les situations, nous avons la liberté de ce que l’on en fait.

  • « Cultiver la générosité de la vie au quotidien pour ne pas s’épuiser »

Pour pouvoir donner il faut apprendre à recevoir, à cultiver la joie dans sa vie. Apprendre à se faire plaisir dans ses activités extra professionnelles pour être capable de trouver du plaisir au travail. Le travail n’est qu’une de nos facettes, toutes les facettes doivent être cultivées pour assoir notre générosité et notre aptitude à la joie. Ce rappel est d’autant plus pertinent quand on démarre une carrière dans le soin ou dans un métier lié à l’humain.

Cet échange nous a permis d’approfondir l’enseignement sur la base de notre quotidien. Nous remercions Wangmo pour la richesse et la profondeur de son éclairage.

Nathalie

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