
Méditation – Se relier à l’espace
Méditer est nous relier à l’espace que nous sommes au-delà de qui nous sommes. Vider cet espace, ces espaces emplis et solidifiés dans la confusion du vouloir exister.
Pour vider ce trop plein, il s’agit de porter attention à notre agitation mentale, nos pensées ordinaires, notre dispersion non pour la cautionner mais pour lui permettre de se dissoudre.
Pour cela nous nous asseyons, nous nous posons, nous posons le corps. Il y a une manière de se poser pour favoriser cette présence à l’instant avec le corps, avec tout ce que nous sommes, et avec l’espace que nous sommes et dans lequel nous apparaissons. C’est une dimension très importante à considérer, c’est-à-dire que nous allons ressentir les sensations mais pas que, l’espace primordial où se déploient les sensations, l’espace où se déploient les pensées, l’espace intérieur, l’espace de notre environnement, l’espace autour de nous.
Méditer c’est vraiment mettre en contact l’espace et le silence, et l’espace, les deux. Ce n’est pas juste « je suis là ». Il s’agit d’observer l’espace qui accueille les sensations, l’espace et les sensations, l’espace et les pensées, l’espace et tout ce que vous allez vivre et de revenir à cette sensation, ce ressenti de l’espace.
C’est déjà une manière de voir différemment ce que nous sommes, qui nous sommes, mutuellement nous sommes pris dans les sensations, les pensées, etc., que doit-on faire avec les pensées, alors nous les laissons passer… Il s’agit de ressentir l’espace où a lieu tout cela, comme le ciel où se déploient les nuages. Regarder le ciel ce n’est pas juste lever la tête et regarder les nuages passer. C’est ressentir l’espace du ciel où se déploient les nuages, c’est ressentir l’espace où se déploient les pensées, l’espace du ciel au lieu du « je ».
Cet espace où se déploient les pensées est vide, il est totalement ouvert, il est sans résistance, tout ouvert. Donc s’habituer à avoir une autre relation à nos sensations, à notre corps, à que nous sommes en intégrant cette expérience de l’espace. A travers le fait de poser son attention sur la respiration, et particulièrement pour trouver l’espace : l’expir. C’est simple, c’est la base de la méditation. Nous inspirons, et nous suivons par notre attention le mouvement de l’expir, cette conscience attentive qui nous dissout jusqu’à n’être plus qu’espace clair et vide.
Respirer correctement intègre quatre temps. Habituellement qu’est-ce qui fait notre confusion, notre agitation ? C’est d’enchaîner deux temps, inspir/expir. Ce n’est pas vraiment respirer. C’est une vision limitée de la respiration. Respirer c’est prendre le temps de ressentir l’inspir, et à la fin de l’inspir il y a un espace, une qualité subtile. Il s’agit d’entrer dans autre chose que la respiration ordinaire, c’est-à-dire dans une énergie plus subtile et plus douce et paradoxalement plus intense. Puis nous expirons et à la fin de l’expire il y a une légère pause naturelle, un temps de rétention naturel. Plus c’est tranquille en vous, plus cela se suspend naturellement, pour découvrir, lever ce qui s’ouvre, cet espace équanime et tranquille déjà là.
Méditer, c’est entrer dans l’espace que nous sommes, dans l’énergie subtile qui nous habite. Le mantra fait résonner cette énergie subtile de l’espace, il en est la vibration originelle. Visualiser des couleurs, les déités est se mettre en lien avec cette énergie subtile. Il y a plein de moyens de se mettre en lien avec les énergies subtiles qui sont autant de liens à ce que l’on nomme les corps subtils.
Pour l’instant commencer à la base qui est de contacter l’espace à travers l’expiration. La respiration est dans toutes les traditions un support subtil puisqu’il n’a pas de forme particulière. Nous pourrions prendre n’importe quoi pour calmer le mental ; un grain de riz, un son, un Bouddha, etc., nous posons notre esprit sur une forme sur laquelle nous revenons constamment. Le souffle dans un premier temps a une qualité subtile car il n’a pas de forme et c’est toujours à disposition. Cela évite que nous nous attachions aux formes justement. Nous pourrions aussi focaliser sur sa respiration avec une attention un peu trop solidifiée. C’est vous qui allez voir en faisant l’expérience de cela.
L’instruction c’est que ce ne soit pas trop solidifié, ni que nous ayons oublié l’instruction. Méditer c’est constamment se dire : où je suis là ? Je ne sais pas où je suis. Suis je dans une pensée ? Qu’est-ce que je fais ? J’observe. De toute façon nous ne pouvons observer qu’à partir de l’espace que nous sommes. C’est pour cela que c’est subtil. L’espace que nous sommes observe, ok, et je replace mon attention avec douceur et rigueur, tranquillement. J’observe constamment : qu’est-ce qu’il fait que là j’étais parti ? Depuis combien de temps ? Juste se poser quelques questions pour aviver en nous un sens de l’acuité intérieure. Nous aiguisons l’attention. L’acuité de l’attention se développe aussi lorsque nous nous disons : tiens là je suis parti ! Je reconnais que je suis parti, alors je ramène mon attention sur l’objet ou le support c’est la respiration et l’espace de la respiration.
(Ce texte est une transcription par Nathalie des enseignements donnés par Wangmo lors du séminaire d’été les 3 M – Méditation – Mantra – Mudra, en août 2024.)

