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Pratiquer face à l’horreur

La  stupéfaction et le désarroi touchent notre nation en cette semaine noire qui a vu l’assassinat de personnes pour le simple motif d’avoir utilisé l’humour contre la bêtise.

La tentation de la colère est grande face à l’impuissance dans laquelle ces événements nous plongent. De la colère à la rage il n’y a qu’un souffle. Cette réaction est juste et son impulsion primitive est la volonté d’aider l’autre, de combattre la bêtise et l’ignorance.

Très vite cette rage fait place à tout un argumentaire sur les causes de cette situation, la recherche d’un coupable. Nous pourrions débattre de longues heures sur les multiples causes de ces attentats. La situation est complexe et de nombreux points de vues parfois contradictoires sont échangés ici ou là  mais il nous faut reconnaître que toutes ces discussions n’apaisent pas notre rage, tout au plus la masque-t-elle sous une rhétorique « Nous devrions… » , « il faudrait… », « tout ça c’est à cause de … ».

La psychologie bouddhiste nous invite à ne pas masquer notre peine et notre chagrin sous un voile d’actions et d’explications.

Acceptons de ressentir notre peine. Acceptons de reconnaître notre douleur. Le temps de l’action viendra. Mais pour que celle-ci soit juste et éclairée nous devons d’abord accepter pleinement notre
chagrin.

Regardons en face les émotions réveillées par ces crimes odieux contre la liberté d’expression, la liberté de rire, la liberté d’être tel que l’on est. Pleurons, trépignons, enrageons pleinement. Vivons complètement notre chagrin. Il y a une force qui émerge d’un cœur brisé. Les Bodhisattvas ont toujours une larme à l’œil car ils voient intensément la souffrance des hommes. La force de leur action naît de leur capacité à ne pas se laisser emporter dans l’action au cœur de la rage.

Essayez la pratique suivante :

Assis, détendu, pensez :

Pour vous tous, hommes et femmes qui avez perdu la vie dans la violence ces jours-ci et maintenant errez terrifiés et confus, je partage votre souffrance.
En retour, je vous offre ma paix.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre tranquillité.

Pour tous ceux qui ont assisté à cette horreur, je partage votre sidération.
Puissé-je prendre un peu de votre tristesse et de votre rage dans mon propre cœur pour vous soulager.
En retour, je vous envoie ma force.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre force.

Pour tous nos frères et sœurs en France qui ont vécu cet horrible jour et doivent maintenant lui donner un sens, je partage votre confusion. 
Puissé-je prendre votre peur, la rage, et les cauchemars.
En retour, je vous envoie ma bravoure.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre bravoure.

Pour les hommes politiques français, les médecins, les infirmières, la police et les premiers intervenants qui ont été les premiers témoins et doivent maintenant agir, je partage votre désespoir.
Puissé-je prendre votre désarroi et vos incertitudes.
En retour, je vous envoie ma confiance et ma gratitude.

Inspirez leur souffrance.Expirez votre confiance et gratitude.

Faisons cette pratique du fond du cœur, qui que nous soyons, là où nous sommes, à partir de maintenant et dans les jours qui viennent pour toutes celles et ceux touchés par les événements des derniers jours. Joignons-y également toutes celles et ceux qui ont vécu l’horreur depuis des temps sans commencement

Cette pratique sera accompagnée par Lama Wangmo à Paris à l’occasion de la session Dans les Pas du Bouddha aujourd’hui des 10 et 11 janvier 2015.

Pour les groupes réguliers de Racines de la Présence, vous pouvez utiliser ce texte pendant la pratique. Version imprimable de cette pratique.

En lien indéfectible de coeur avec tous,
Plus que jamais tissons les fils du respect de la vie,
plus que jamais émancipons-nous de la haine et de la confusion.

Que la force pénétrante du cœur accomplisse le meilleur de nos aspirations pour le bien de tous sans exception.

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Enseignante de la psychologie bouddhiste et thérapeute systémique par les contes et les constellations systémiques. Conceptrice de Racines de la Présence.

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