Libération

Extrait de Tout n’est pas impermanent de David Brazier

Parcourir le monde en plaidant haut et fort pour une vitalité dynamique, pour l’amour, la sympathie, la joie, l’honnêteté et le courage.

« Eh bien, y a-t-il, après tout, un sens à tout cela ? » Aujourd’hui on nous pose toutes sortes de questions qui trahissent une attitude cynique ou nihiliste. Bien que cela paraisse caractériser l’époque moderne où beaucoup de gens s’alignent sur la non-croyance, le relativisme, le réductionnisme et le sécularisme, il est clair qu’il y a deux millénaires et demi, Sakyamuni a fait face à des sentiments similaires. Les gens se sont toujours préoccupés du sens de la vie. Ils se sont toujours perdus dans le particulier et ont rejeté leur intuition du tout, sur la base d’un soi-disant réalisme ou sens commun, alors qu’en fait, c’est le contraire. Pourquoi quelque chose existe ? Pourquoi sommes-nous en vie ? Qu’est-ce que la vie, après tout ? Ces questions, prises en un sens pratique – en d’autres termes : qu’est-ce que cela signifie pour ma vie ? – conduisent à la spiritualité, car leurs réponses ne peuvent pas se trouver dans la seule rationalité. Elles nécessitent le courage de recouvrer d’une part notre foi inhérente et notre intuition et d’autre part, notre désir le plus cru et notre passion. C’était là la vision centrale de Kierkegaard, de Sartre et des autres philosophes existentialistes. Quand nous abandonnons toute prétention, nous sommes spirituellement nus, nous faisons face au défi de vivre et aimer vraiment, comme les êtres que nous sommes, dans un monde comme celui-ci, où rien n’est totalement pur. On ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Ces philosophes ont compris qu’être authentique représente un immense défi. La plupart des gens préfèrent se laisser porter, immergés dans des demi-vérités qui facilitent les relations sociales et minimisent l’exigence spirituelle.

La voie du Bouddha, qui est celle d’un engagement total, n’a rien à voir avec cela. Pourtant il ne s’agit pas non plus de mettre fin à toutes les passions, aux souffrances et aux luttes pour payer nos dettes karmiques et dire adieu au monde, ou du moins, je ne le crois pas. Si le Bouddha avait fait cela, nous n’aurions jamais entendu parler de lui. Il a, au contraire, parcouru le monde en plaidant haut et fort pour une vie dynamique, pour l’amour, la sympathie, la joie, l’honnêteté et le courage de s’élever au-dessus des échecs et des difficultés. Il est important de vivre, et pour cela, nous devons abandonner les complications inutiles.

Quand on s’éveille, on peut faire beaucoup d’erreurs, connaître joie et souffrance, découvrir qu’on n’est pas, après tout, une personne très agréable, on peut rire ou pleurer davantage, on fera beaucoup de découvertes sur la vie. Laisser la lumière illuminer notre monde, c’est comme retourner une pierre : quand la lumière tombe sur ce qui auparavant était dans l’ombre, toutes sortes de créatures peuvent surgir en se tortillant, il n’en demeure pas moins qu’on est vivant et, tandis que l’on examine cette vie, on voit que dans toute cette diversité, il y a vraiment de l’amour et nous pouvons avoir foi en cela.

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