Il était une fois un jardin surprenant, par sa forme circulaire, ses couleurs sauvages, odeurs musquées, sa hauteur et profondeur, et surtout ses multiples passages et sentiers étonnants qui le parcouraient.
L’entrée était bien cachée , mais quand une certaine constellation particulière se présentait , un souffle puissant se levait et attirait à l’intérieur quiconque se trouvant au bon endroit au bon moment, à moins que ce ne soit l’extérieur qui expulsait à travers la porte secrète le » quiconque » en question.
Et l’aventure commençait là, dans une lumière aveuglante au beau milieu d’un labyrinthe étroit , où poussaient des racines profondes entrelacées , des mousses sombres et douces , des lianes à fleurs roses et blanches accrochées aux branches. D’ombrageuses ruelles parcourait cette jungle à la périphérie intérieure de ce jardin, et pour se rapprocher de son centre, il fallait franchir des ponts et barrages , des étroits sentiers herbeux heureux , des chardons piquants et coquelicots souriants , des ronces épineuses,et fougères légères.
En pénétrant plus en avant en direction du centre, une douce brise se lève , apportant le son d’une clochette fine , et le chant délicieux d’oiseaux qui ouvraient le cœur, les yeux et toutes les pores de la peau de celui qui les entendait.
Et soudain après le franchissement d’un obstacle , un tas de bois de chauffe à escalader , l’ambiance change comme par magie , le chant solitaire d’un grillon met l’accent sur un silence abyssal , tout est immobile dans la chaleur de l’été , seule une feuille bouge , danse en tournant, comme un signe. D’ailleurs , quand on tend l’oreille on entend comme une ritournelle:
choisis l’instant
le creux des riens
où circule la joie
de ne pas être là
C’est ce moment là que le corbeau choisit pour intervenir:
» Ha , feuille de la joie,
je vois que t’es bien là ! »
Et là tant Pie ajouter avec son accent english et son orgueil noir et blanc surdimensionné :
» le creux des riens,
c’est zero plus un ! »
Soudain, comme une page que l’on tourne et au son du galop d’une douzaine de chevaux, une bourrasque bouscule la vision, l’horizon s’ouvre sur un paysage toujours un peu plus près du cœur de ce jardin vaste. Un air océanique bleu vibrant dans l’espace immense ,des dunes de sable chaud et blond, des herbes sauvages, un cerf volant bleu sur fond de ciel bleu, deux nuages rieurs.
Le lien qui rattache le cerf volant au centre du jardin donne quelques secousses : » il fait beau la-haut mais il est temps de retourner sur terre , cultiver le potager, les outils sont prêts , affûtés , ils attendent ! »
L’esprit du jardin émet des senteurs de roses fraîchement écloses, la terre humide embaume l’air d’une odeur verte, et tous les aspects de ce rêve se retrouvent au centre du jardin, dans le silence au bord d’une rivière, prêts à l’action, et les grenouilles, vers de terre, hérissons, lièvres, biches, escargots et oiseaux de toute plume participent à la joie de mettre la main à la pâte pour réaliser ce qui était à faire.
Et quiconque peut définitivement faire la paix avec les mauvaises herbes , car elles sont une expression de l’esprit du jardin.
8 juin 2020 at 12 h 37 min
Jardin poupées russes !
8 juin 2020 at 22 h 37 min
Ton jardin est très changeant …Que d’atmosphères différentes ! c’est incroyable . Quel voyage.
11 juin 2020 at 21 h 37 min
tout est bon rien n’est à jeter même les mauvaises herbes .Une invitation à un voyage intérieur.