Quelle lumière ?

Toutes ces enseignes, lumineuses

Sans lumière

Comme ces rues désertes, la lumière a déserté l’esprit des hommes

Et pourtant tous la recherchent, parfois sans le savoir

Et parce qu’on les abêtit, parce qu’on les rabaisse au rang de bébés

Pris en charge dès la naissance et même avant

Quand tout est mâché, becquée pour oisillons au nid, materné de confitures maternes

C’est ce que révèle le panneau de cinéma qui enjoint aux passants de rester chez eux s’ils sont malades

Comment en est-on arrivé là ?

À devoir conseiller une évidence

A recevoir un ordre pour une évidence : quand on est malade, que c’est contagieux, on reste chez soi, au lit, à se soigner, tout le monde sait ça, me semble-t-il

Comme ces rues désertées

Par les suspects de maladie, par les peureux de contagion, par les inconfiants en soi qui ne croient pas en leur capacité à se protéger, en leur bon sens

Et il y a ceux qui d’un coup

De ce coup de dés du hasard

Savent que tout est impermanent

Eux aussi y sont sujets

Que un cheveu un seul se perd

Et bascule la vie en mort

Et la mort en vie

D’un cheveu qui réapparaît

On ne peut échapper à la Terre

Elle vit sa vie sans souci des hommes qui ne lui sont pas plus que les autres êtres qui vagabondent sur sa surface, sa peau

Les hommes ne lui sont pas plus conscience

Comme tout et le reste, la Terre passe de causes en conséquences

Pendant que les humains luttent contre Nature

Les plaques tectoniques continuent de bouger, les volcans d’éclater, les mers de faire des vagues

Les animaux suivent leur chemin et tentent de se nourrir et de survivre aux chasses à fric et trophée

de survivre aux chasses sinisées à médecine de sexe sauvages,

Sur les marchés dans l’empire du milieu, on trouve encore des hippocampes séchés, des cornes de rhinocéros râpées, des huiles de tigre, des poches de musc, les chinois sont portés sur la performance (subliminale?) de leur pistolet comme ils disent

Si vous ne le saviez pas, lisez les contes antiques et les romans anciens

Derrière les nuages brille le soleil

Sous les vagues s’étale la grande mer et s’approfondissent les grands fonds marins

On croirait les rues vides mais les maisons sont remplies

Autrefois les rues étaient pleines et les maisons vidées

Autrefois plus lointain encore

On entretenait la flamme de vie de la ville

et sur l’autel dans chaque foyer

La lumière partie vers l’Orient revient vers l’Occident

Hésychasme méditations zen asanas bien-être détente prière et contemplation

beaucoup ont emprunté un chemin, suivent leur voie, créent un cheminement nouveau

Et parmi eux les poètes

Etaient-ils dans les rues ?

À errer carnet en poche

A la santé du monde et des étoiles

A profusion d’émotions et d’élans

Qui va juger les responsables de cette catastrophe ?

Qui a pensé aux conséquences aux mesures du confinement, à ce que serait la vie ainsi ?

Est-il question de jugement ?

Il ne servirait à rien de faire procès, ce serait comme au moyen âge quand on accusait les porcs de nuire aux hommes, on devrait faire procès à ‘humanité même, au progrès, à l’exploitation, à l’esprit de certains hommes

On ne peut changer ceux qui ne peuvent être changés, mais on peut modifier son quotidien

aller pas à pas, ainsi se dessine le chemin de la rédemption

Mesurer

Prendre le temps

Avant d’inspirer, on expire avant d’inspirer à nouveau on retient son souffle quelques secondes suffisent à le faire circuler au plus profond de soi

Avant de sortir dans les rues, de parcourir la ville, arrêtons-nous un instant sur le pas de la porte : comment allons-nous marcher, poser le pied, regarder ? Prendre, donner ?

Méditer n’est pas affaire de bien-être ni de communication avec ces au-delà

C’est un premier pas un premier geste pourtant, pourquoi rejeter cela, au contraire encourageons !

Les plus grandes réalisations commencent par un arrêt dû à une maladie, une catastrophe une sorte de choc salutaire une provocation d’éveil

que ce soit une maladie soudaine ou une pomme tombée sur la tête

Cette épidémie de covid-19 devrait être prise pour cela : un appel de la Terre, autant qu’un éventuel avertissement

Je m’interroge : comment les rues se rempliront-elles à nouveau ?