Ma chambre fait – actuellement et approximativement – 1,64 m et demi de haut et une cinquantaine de centimètres de large, mais cela dépend des endroits.

Sa charpente, d’aspect fragile, est pourtant solide, et n’a encore jamais cassée. Sur ses murs en revanche, courent plusieurs fissures, résultats de diverses tempêtes. Certaines laissent encore entrer la lumière et un peu d’humidité, malgré toutes mes tentatives pour les reboucher.

Dans ma chambre, il y a deux fenêtres ouvertes sur l’extérieur, ou sur l’intérieur : cela dépend d’où l’on regarde ! D’ailleurs, parfois je ne peux rien voir car il y a trop de buée ! Mais souvent la vue est belle, quoique changeante.

Elles donnent sur un jardin si versatile que parfois l’on pourrait croire qu’il a sa vie propre ! Tout y pousse de manière or-ga-ni-sée : je le sais, c’est moi qui y plante les graines !

Pourtant… pourtant pour être honnête, et malgré mes efforts, je dois avouer que je trouve à mon jardin un air sauvage…je sens parfois même une odeur de rébellion…

Des graines que j’ai plantées ne poussent pas ou pas au bon endroit, et d’autres plantes, que je ne me souviens pas avoir semées, apparaissent comme par magie, presque en un instant, tout en ayant des racines longues et profondes comme un chêne centenaire !

A croire qu’elles ont toujours été là ! Dans MON jardin ! Sans que je le sache !!

Enfin…l’ensemble est malgré tout d’aspect harmonieux quoique sauvage… d’ailleurs, il n’est pas rare de mettre le pied sur un caillou…et je sais que des animaux s’y cachent !

Dans ma chambre il y a aussi un grenier. J’y ai d’ailleurs croisé Wangmo l’autre nuit entre deux cartons, me disant « Alors, tu es venues faire un tour au grenier ? » Y sont rangées des petites et des grandes histoires. Des histoires à faire peur et des histoires à dormir debout. De vraies histoires et des histoires fausses. Des histoires que je me raconte.

Il faut aussi savoir que la nuit parfois ma chambre change d’aspect. Bizarrement elle est parfois plus lumineuse … ce doit être la pleine lune…

Mais surtout ma chambre… et je sais que vous n’allez pas me croire… si je vous le dis, vous me prendrez pour une folle… bon, en chuchotant alors :  » ma chambre change de dimension… » Si.

Parfois, ses murs se resserrent, jusqu’à se recroqueviller… alors, j’étouffe un peu, et par mes fenêtres je ne vois plus qu’un petit trou sombre et peu profond… Ces jours-là sont aussi plus humides et manquent de lumière…

Mais parfois, et c’est étrange, il n’y a plus ni murs ni fenêtres, juste un espace vaste et spacieux, un jardin s’étendant à perte de vue baignant dans une lumière infinie… tout mouvement est alors inutile et il ne manque rien à rien.

L’on s’y déplace en volant comme un souffle d’air pur et on y ressent un seul sentiment, chaud et enveloppant, bercé délicatement par un joyau étincelant qui bat doucement la mesure…

Mais …. Oh ! Je me suis endormie ! Enfin je crois … ?… Bon, je file au jardin, je dois semer des graines !