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La voie du Bodhisattva – Shantideva

Extrait du traité de Shantideva – Bodhicharyavatara – louant l’excellence de la voie du Bodhisattva. Ce texte est commenté lors des sessions d’approfondissement à St-Martin-Lestra.

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L’excellence de la bodhicitta

1.1
Devant ceux qui demeurent dans la félicité, le Dharma
dont ils sont maîtres et tous leurs héritiers
Devant ceux qui méritent d’être honorés, je me prosterne.
Selon la tradition, je vais maintenant exposer brièvement
Comment pratiquer la discipline du bodhisattva

1.2
Tout ce que j’ai à dire a déjà été dit
Je n’ai aucune érudition et suis maladroit avec les mots,
Je n’ai pas écrit cet ouvrage en pensant aider les autres,
Mais dans le seul but de nourrir ma compréhension

1.3
Ma foi se renforcera donc pour un certain temps,
Pour que je puisse m’accoutumer à cette voie vertueuse.
Ceux qui par hasard entendront mes paroles
Pourront aussi en profiter, eux qui ont autant de chance que moi.

1.4
Il est si difficile de trouver ces libertés et ces richesses
Qui permettent de donner un sens à cette naissance humaine !
Si je ne parviens pas maintenant à la mettre à profit,
Comment une telle chance pourrait-elle se représenter ?

1.5
Comme la lueur d’un éclair qui déchire la nuit,
Et dans son éclat aveuglant révèle tout ce que voilaient de sombres nuages
Il arrive exceptionnellement que, par le pouvoir du Bouddha,
Des pensées vertueuses, brèves et transitoires, s’élèvent dans le monde.

1.6
Voici donc l’extrême fragilité de la bonté !
Hormis la parfaite bodhicitta,
Qui d’autre serait capable de résister à
la force colossale et écrasante du mal.

1.7
Les bouddhas tout puissants ont réfléchi durant des kalpas
Et ont vu que cette vision, et elle seule, sauvera
Les multitudes d’êtres infinis,
Et leur permettra d’atteindre aisément la joie suprême

1.8
Ceux qui souhaitent surmonter les malheurs qui les touchent,
Et dissiper la douleur et la souffrance des êtres,
Ceux qui souhaitent atteindre le bonheur sublime,
Ne devraient jamais tourner le dos à la bodhicitta

1.9
Si la bodhicitta vient à naître
En celui qui souffre dans les prisons du samsara,
A cet instant même, il devient l’héritier du Bouddha,
Et est honoré des dieux et des hommes.

1.10
Car, à l’image de la suprême substance des alchimistes,
Elle prend la forme impure de la chair humaine
Et de là se transforme en corps précieux d’un bouddha.
Telle est la bodhicitta que nous devrions fermement tenir !

1.11
Si nos guides suprêmes à la sagesse illimitée
En ont reconnu la valeur inestimable,
Nous, qui cherchons à sortir de notre errance nomade
Devrions garder fermement cette précieuse bodhicitta.

1.12
Toutes les autres vertus produisent des fruits,
Mais s’épuisent, tels les plantains,
Seul l’arbre merveilleux de la bodhicitta
Portera ses fruits sans jamais cesser de croître.

1.13
Comme si, protégés par un héros, ils échappaient à de grands dangers
Même les êtres chargés de la pire cruauté
Seront instantanément libérés par la bodhicitta.
Quel est celui qui ne placerait pas sa foi en elle ?

1.14
Comme par les feux de la fin des temps,
Les fautes les plus lourdes sont entièrement consumées par la bodhicitta
C’est pourquoi ses bénéfices sont sans limites,
Comme l’expliqua à Sudhana le Sage et Bienveillant Seigneur.

1.15
Il est dit en bref que la bodhicitta, l’esprit d’éveil,
Présente deux aspects :
Le premier est l’aspiration, la bodhicitta du souhait
Le second est la bodhicitta active, l’engagement dans l’action.

1.16
De même qu’il y a une différence entre
Vouloir partir et se mettre en route,
De même, le sage et l’érudit comprendront
cette différence méthodique et progressive.

1.17
La bodhicitta du souhait porte des fruits somptueux
Que recueillent ceux qui errent dans le samsara.
Mais son courant de mérite n’est pas éternel
Et ne s’élèvera que de la seule bodhicitta active.

1.18
Car, quand l’esprit étreint la bodhicitta,
Avec l’intention irréversible
De libérer les multitudes d’êtres infinis
A cet instant, dès ce moment,

1.19
S’élève la force des mérites vertueux
Aussi vastes que l’espace,
En un magnifique courant ininterrompu,
Même dans le sommeil et les moments d’inattention.

1.20
Ainsi parla le Tathagata
Dans le sutra requis par Subahu,
Enseignant par des raisonnements logiques
Ceux qui aspirent aux voies inférieures.

1.21
Si le simple souhait de soulager
Par bonté et générosité
Les maux de tête de quelques êtres,
Apporte des mérites infinis

1.22
Que dire alors du souhait
D’éliminer les innombrables souffrances
De tous les êtres sans exception,
En leur apportant des vertus illimitées ?

1.23
Nos pères ou nos mères
Ont-ils jamais eu pareil souhait ?
Les dieux, les rishis et même Brahma
Nourrissent-ils une telle bienveillance ?

1.24
Aucun d’eux n’a jamais
Même en rêve imaginé
pareil désir pour lui-même ;
Comment le pourrait-il pour le bien des autres ?

1.25
Si les êtres ne souhaitent pas même leur véritable bonheur,
Comment pourraient-ils concevoir le bonheur d’autrui ?
Cet état d’esprit si précieux et si rare
Est une merveille inconcevable.

1.26
L’intention d’éliminer la souffrance,
Cette précieuse attitude, ce joyau de l’esprit,
Source de joie pour tous les êtres qui errent dans le monde,
Comment pourrait-on la mesurer et la qualifier ?

1.27
Car si la simple pensée d’aider les autres
Est bien plus précieuse que d’honorer les bouddhas,
Que dire des actes concrets
Qui apportent bonheur et bienfaits à tous les êtres ?

1.28
Les êtres aspirent à se libérer de la misère,
Mais ne font qui suivre et poursuivre la misère.
Ils aspirent à la joie et par leur ignorance
La détruisent comme si c’était leur pire ennemi.

1.29
Mais celui qui emplit de félicité
Tous les êtres dénués de joie,
Qui abroge la douleur et la souffrances
Des êtres croulant sous la misère.

1.30
Qui élimine l’obscurité de leur ignorance,
Quelle vertu pourrait égaler la sienne ?
Quel ami pourrait être comparé à lui ?
Quel mérite pourrait être similaire à celui-ci ?

1.31
Si l’on fait l’éloge de ceux qui font le bien,
En remerciement de servies rendus,
Que dire alors des bodhisattvas
Qui, sans compter, font le bien de tous ?

1.32
Si on appelle vertueux et qu’on loue
Celui qui, avec mépris et condescendance,
Donne, juste une fois, un repas à quelques êtres,
Les sustentant pour une demi-journée,

1.33
Que dire alors de celui qui
Ne cesse d’offrir à des multitudes sans limites
La joie sans égale de la félicité des bouddhas,
Et l’ultime accomplissement de leurs souhaits ?

1.34
Celui dont l’esprit nourrit de mauvaises pensées
Contre ces bienfaiteurs, héritiers du Bouddha,
Demeurera en enfer, a dit le Tout-Puissant,
Autant de kalpas que la somme de leurs malveillances.

1.35
En revanche, des pensées bonnes et vertueuses
Produiront des fruits en plus grande quantité
Car, même dans l’adversité, les bodhisattvas
Ne font jamais le mal, et le courant de leur bonté
ne cesse de grandir

1.36
Devant ceux en qui est né ce précieux esprit
Sacré, je me prosterne !
Dans cette source de joie qui conduit ses ennemis mêmes
A la parfaite félicité, je prends refuge.

A noter : ce texte apparaît dans un recueil de 1907 digitalisé par la bibliothèque universitaire de Toronto

Enseignante de la psychologie bouddhiste et thérapeute systémique par les contes et les constellations systémiques. Conceptrice de Racines de la Présence.

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