Apaiser l'esprit

Comment sait-on qu’une pratique renforce le samsara ?

A l’occasion de la retraite de méditation de juillet 2015, une session de questions-réponses a permis aux « retraitants » de partager les questions qui ont émergées lors de la retraite et d’échanger avec Wangmo. Voici un premier extrait de ces échanges.

Pour comprendre le contexte de la question, il faut se rappeler que bien souvent, la méditation est abordée dans une recherche unilatérale de sérénité, de pacification, de calme, de bien-être. C’est une approche qui va au devant de grandes déceptions. La pratique de la méditation est la confrontation à ce qui est, telle que cela apparaît. En cherchant à fuir une réalité douloureuse, on essaie de se protéger et de créer un monde spirituel factice. En ce sens, la pratique de la méditation peut renforcer le samsara. D’où la question :

Question : « Comment sait-on qu’une pratique renforce le samsara ? »

Wangmo : Qu’est-ce que le samsara ? C’est un terme qui désigne l’ignorance de la nature de ce qui est et les conséquences qui en découlent. Pour faire simple, disons que le samsara décrit le mouvement incessant de l’esprit agité par l’insécurité et l’insatisfaction à trouver un socle permanent à ses attachements. J’ai beau dire « je suis heureux », l’instant d’après « je suis malheureux » prend tout aussi bien le relais.
Dans le cadre de la retraite et de ce que j’ai évoqué ici, je voudrais mettre l’accent sur la motivation. D’un point de vue samsarique, c’est-à-dire essayer d’assurer un fondement sécurisé à ce qui n’en n’a pas, la tendance est de rechercher le plaisir et le confort en excluant les autres expériences. Dans la méditation, par exemple, la motivation peut être celle de s’éveiller pour obtenir la paix, le calme, la tranquillité, un confort personnel voire un état sensoriel plaisant. Ainsi la pratique de la méditation pourrait renforcer des illusions et une forme de matérialisme, c’est ce que l’on souligne parfois en parlant d’expériences méditatives du monde des dieux (un des mondes du samsara) régi par l’orgueil et l’ignorance. L’autosatisfaction des expériences méditatives crée un samsara intérieur où l’on pense être arrivé, enfin ! Finalement ce n’est là qu’un leurre, d’autant plus difficile à déceler qu’il se présente sous l’aspect d’expériences séduisantes. Ce ne sont pas les expériences en elles-mêmes mais l’attachement à celles-ci qui développe un ego de pratiquant.

BhavachakraMandala3_M
La roue de la vie

Enseignante de la psychologie bouddhiste et thérapeute systémique par les contes et les constellations systémiques. Conceptrice de Racines de la Présence.

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